La protection de l’abeille contre le frelon asiatique devient un enjeu central pour les apiculteurs, l’agriculture et la biodiversité. Dès la fin de l’été, les colonies doivent faire face à un prédateur redoutable, mobile et persistant. Comprendre l’origine de Vespa velutina, ses modes d’action et les réponses possibles – naturelles ou humaines – constitue aujourd’hui un enjeu essentiel pour préserver les ruchers.
Comprendre un prédateur devenu mondial
De l’Asie à la France : l’histoire d’une invasion
Le frelon asiatique (Vespa velutina nigrithorax) est originaire de Chine, de Corée et du Japon. Dans ces régions, il cohabite depuis longtemps avec Apis cerana, qui a développé des stratégies de défense adaptées. En Europe, son arrivée fortuite en 2004 marque le début d’une expansion rapide. Aujourd’hui, il occupe presque toute l’Europe de l’Ouest et exerce une pression écologique importante, fragilisant les colonies d’abeilles domestiques et modifiant les équilibres locaux.
Un impact différent selon les régions
En Asie, Apis cerana a coévolué avec ce prédateur. Les colonies disposent donc d’outils comportementaux qui limitent efficacement les attaques. Là-bas, le frelon fait également partie d’un réseau écologique plus vaste, où prédateurs, parasites et compétiteurs contribuent à réguler ses populations. À l’inverse, en Europe, Apis mellifera n’a développé aucune adaptation spécifique. L’arrivée récente et brutale de Vespa velutina place nos colonies dans une situation de vulnérabilité accrue.
La réponse des abeilles dans leur aire d’origine
Défenses comportementales d’Apis cerana
Les abeilles asiatiques possèdent des stratégies de défense élaborées. Lorsqu’un frelon s’approche, elles peuvent former une boule compacte autour de lui : le bee‑balling. En augmentant progressivement la température au cœur de cette masse vibrante, elles provoquent la mort du prédateur. Elles utilisent aussi le shimmering, une ondulation collective qui produit un signal visuel destiné à perturber l’assaillant. Des signaux d’alarme précis, transmis par vibrations et sons, permettent également d’avertir rapidement toute la colonie.
Les ennemis naturels du frelon en Asie
Dans son aire d’origine, Vespa velutina n’est jamais totalement incontrôlé. Certains oiseaux insectivores capturent les frelons lorsqu’ils en ont l’occasion, tandis que des petits mammifères peuvent détruire les nids accessibles. Des parasites spécialisés, comme Xenos vesparum, perturbent parfois le développement des colonies de frelons. Enfin, différents pathogènes – champignons, virus ou bactéries – affaiblissent une partie de leurs nids. Cette pression diffuse ne fait pas disparaître l’espèce mais contribue à maintenir un équilibre écologique global.
Un équilibre dynamique
Ainsi, même s’il reste un prédateur puissant, le frelon asiatique trouve en Asie une place dans un système écologique complexe, où plusieurs forces limitent son expansion.
Protection abeille frelon asiatique en Europe : une pression déséquilibrée
Les effets sur Apis mellifera et l’apiculture
En Europe, la présence du frelon asiatique bouleverse profondément l’activité des colonies. La chasse menée à l’entrée de la ruche cause des pertes conséquentes. De plus lorsque des frelons stationnent devant une ruche, les abeilles hésitent à sortir, ce qui réduit fortement le butinage et les entrave dans leur recherche de nourriture. Le stress généré affaiblit les colonies, notamment en fin de saison, période où elles doivent constituer leurs réserves.
Cette pression entraîne ainsi une mortalité accrue à l’automne, mais aussi en fin d’hiver en cas de pénurie de nourriture.
Prédateurs et parasites du frelon en zone envahie
En Europe, quelques espèces commencent à s’intéresser au frelon asiatique, mais leur action reste ponctuelle. La bondrée apivore peut capturer certains individus, tout comme certains pics, mésanges ou petits mammifères, lorsqu’un nid est accessible. Des parasites du genre Xenos ainsi que divers pathogènes ont été identifiés dans certains nids, mais leur impact demeure encore insuffisant pour limiter la progression de Vespa velutina.
Pourquoi la nature ne suffit pas encore
Contrairement à la situation observée en Asie, les environnements européens ne disposent pas encore d’un ensemble d’espèces capables de réguler efficacement les populations de frelons. Vespa velutina se trouve donc en situation d’expansion continue, ce qui nécessite une intervention humaine pour rétablir un certain équilibre.
Protection de l’abeille contre le frelon asiatique : les moyens humains actuels
Piégeage et protections physiques
Plusieurs outils permettent aujourd’hui de limiter la pression du frelon. Le piégeage des reines fondatrices au printemps peut réduire la formation de nouveaux nids. Le piégeage des ouvrières, lorsqu’il est contrôlé et sélectif, contribue localement à diminuer la pression. Des dispositifs comme les muselières, les filets ou les harpes électriques complètent ces méthodes en protégeant directement les ruches.
La destruction des nids
La destruction des nids reste actuellement la méthode la plus efficace pour réduire durablement la présence du frelon asiatique. Elle nécessite un repérage précis et une intervention spécialisée, réalisée le plus tôt possible dans la saison pour limiter l’apparition de nouvelles fondatrices.
Consultez notre article sur les actions à mener pour soutenir les abeilles face au frelon asiatique.
Une coordination indispensable
Vingt années de lutte montrent que la coordination entre collectivités, apiculteurs et citoyens est indispensable. Mais pour le moment, les actions concrètes et structurées peinent à émerger.
Protection de l’abeille contre le frelon asiatique : perspectives et stratégies futures
À court terme, les efforts portent sur le soutien aux apiculteurs, la mise en place de réseaux de signalement efficaces, le développement de pièges plus sélectifs et la coordination des destructions de nids.
À moyen terme, des pistes se dessinent autour de la surveillance spatiale, de l’écologie chimique, de l’amélioration des dispositifs de piégeage et du partage de données entre régions.
Enfin sur le long terme, les solutions pourraient inclure des formes de biocontrôle, une coévolution progressive entre abeilles et frelons, ainsi que des outils technologiques innovants.
Vers un nouvel équilibre écologique
L’histoire des espèces invasives montre que les déséquilibres qu’elles provoquent finissent souvent par évoluer. Avec le temps, les espèces locales s’adaptent, des prédateurs apparaissent et certains parasites contribuent à limiter la pression de l’envahisseur. Les exemples de la coccinelle asiatique en Europe ou du lapin européen introduit en Australie rappellent toutefois que ces rééquilibrages demandent du temps. Dans l’intervalle, il nous revient, de jouer notre rôle de prédateur, de poursuivre nos efforts et de maintenir une pression constante sur le frelon asiatique.
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