En février, dans la ruche après une longue période d’activité réduite, la reine peut, selon les régions, se remettre à pondre. C’est le cas dans le sud de la France où les températures ont brutalement augmenté dès la fin janvier. C’est une période sensible au rucher. Il convient de vérifier l’état du candi « de précaution », prévoir de nourrir en cas de besoin et d’abreuver. Avec la montée des températures, les premières fondatrices de frelon asiatique font leur apparition, sur les ruchers fortement impactés en 2023, c’est le moment de poser les pièges.
Que fait l’apiculteur dans la ruche en février ?
Remettre en service les abreuvoirs
Dès les premiers vols de printemps, les abeilles porteuses d’eau se remettent à la tâche. Elles ramènent à la ruche l’eau nécessaire à la confection de la gelée royale et informent la colonie sur les emplacements des abreuvoirs. C’est le moment crucial que l’apiculteur ne doit pas rater, ses abreuvoirs doivent être prêts sinon ils risquent d’être ignorés tout le reste de la saison.
Du sel dans l’eau ?
Plusieurs études ( Bonoan et al, 2016) tendent à montrer que les eaux de pluies, les flaques mélangeant eau et purin, eau et urine voire même l’eau javellisée de piscine sont plus appétentes pour l’abeille que l’eau distillée. La raison ? l’apport en sels minéraux et notamment en sodium, calcium et magnésium. Pollens et nectars sont riches en potassium et en Oligo-éléments, mais le plus souvent relativement pauvre en calcium et en magnésium, et surtout en sodium. « Or, les fluides corporels de l’abeille sont proportionnellement plus riches en sodium qu’en potassium, ce qui reflète les besoins de l’insecte en ces deux éléments. Les abeilles tendent donc à se trouver chroniquement en déficit de sodium. Il en va de même, dans une moindre mesure, du calcium et du magnésium. Les abeilles chercheraient donc un complément dans les eaux de boissons. »
Pour maintenir ses abeilles en bonne santé, éviter les divagations et des limiter les dépenses énergétiques des porteuses d’eau, il suffirait, d’après ces études, d’ajouter dans l’abreuvoir 5% de sel de cuisine !
La visite de printemps
En février, l’apiculteur observe les premiers mouvements. Il suit la météo et pense à la première visite dite « de printemps ». Selon la région, la visite se fera plus ou moins tard dans le mois de mars. Seuls les apiculteurs du Sud de la France peuvent envisager de faire cette visite en février. Attention, il ne faut pas pécher par impatience.
En montagne, il faudra attendre encore plus d’un mois pour que la nature se réveille.
Au mois de février dans la ruche, il est temps que la colonie reprenne un peu d’essor. De jeunes abeilles vont bientôt naître et vont remplacer les anciennes, usées par la traversée de l’hiver. Elles vont produire la gelée royale nécessaire à la croissance des larves. À l’intérieur de la ruche, les abeilles sont encore en grappe, maintenant au chaud le couvain. Quand la température extérieure augmente, la ruche se réchauffe et la grappe se défait. Quelques abeilles osent les premières sorties.
Comment nourrir les abeilles au Candi ?
Nourrir est le leitmotiv de l’hiver. Si les réserves se sont montrées insuffisantes à l’automne, en février dans la ruche, il ne faut pas craindre de mettre du candi sur le trou du couvre-cadres ou directement sur la tête des cadres, là où sont les abeilles. À défaut, 1 kg de sucre en morceaux peut faire l’affaire. Les cristaux un peu trop gros, non dissous par l’humidité de la ruche, tomberont sur le plateau du sol. On en trouve une certaine quantité lors de la visite de printemps.
Le sirop, que l’on donnera fin mars début avril, dès que le temps dépassera régulièrement les 13°C, servira à accélérer la ponte de la reine. En dessous de cette valeur, le sirop trop froid ne peut être pris par les abeilles qui tomberaient engourdies par le froid. Un indicateur, heure d’été = sirop, heure d’hiver = candi.
Terminer le nettoyage au rucher
Il faut terminer le nettoyage des abords et préparer les supports pour de nouvelles ruches. Le désherbage est à faire là où passe l’apiculteur, mais dans les zones de frelon asiatique, laisser monter les hautes herbes devant l’entrée, elles gênent le frelon et souvent, ils abandonnent les ruchers ainsi organisés. Faire des semis de graminées, qui seront de hautes herbes, au moment où les frelons asiatiques sont particulièrement présents, en juillet/août.
Réduire la surface des grillages sur les plateaux du sol. Laisser 1/4 de la surface ouverte pour évacuer l’humidité, mais réduire pour éviter que les turbulences du vent ne ralentissent la reprise de la ponte de la reine.
À l’atelier, préparer le matériel pour la prochaine saison
Février est aussi pour l’apiculteur le moment de penser à renouveler son matériel. Il faut cirer des cadres, jeter les vieux cadres, porter la cire d’opercules à gaufrer.
Pour ceux qui ont un certain nombre de ruches, passez vos hausses à 8 cadres. Changez les crémaillères, la désoperculation en est grandement améliorée. Il faut toujours intercaler un cadre bâti avec un cadre ciré, les abeilles pourraient construire en travers tant l’espace entre eux est important.
On peut aussi préparer des trappes à pollen pour prélever une partie des apports des butineuses. Si on ne veut pas épuiser les colonies, il faut équiper les trappes de grilles très fines, ce qui ne prélève qu’en faible partie du pollen apporté aux ruches. Toutes les ruches doivent être équipées pour éviter que les butineuses n’aillent là où il n’y a pas de trappes.
Piégez les fondatrices
Dès le mois de février, dans les régions où le redoux se fait sentir, le piégeage des fondatrices peut commencer sur les ruchers fortement impactés en 2023.
À ce moment de l’année, la reine frelon est en recherche d’énergie, l’appât idéal est composé de sucre, de miel, de brèches, voire de confiture… Le mélange suivant a également fait ses preuves : (1/3 bière – 1/3 vin blanc – 1/3 sirop). L‘appât Guep-Apens a également fait ses preuves. Il ne faut pas hésiter à mettre une importante quantité d’appâts afin que leurs odeurs se diffusent mieux. Laissez les cadavres de frelons.
Une fois placés, les pièges doivent être visités régulièrement pour optimiser leur lieu d’installation ainsi que le type appât. Retirez ou déplacer tout piège qui capturerait un important nombre d’insectes autres que des frelons.
Préparer l’élevage des reines
Il est encore temps de se décider à élever des reines pour celui qui ne s’y serait déjà mis. L’élevage est très simple, un peu consommateur de temps, il est vrai. Mais disposer de reines jeunes est un atout pour s’assurer de bonnes récoltes. Les reines nées en cette année seront en pleine ponte l’année prochaine pour la production du miel, mais elles serviront dès cette année à la production d’essaims artificiels. Les essaims artificiels permettent, l’année suivante, de faire des réunions avec des colonies de production en changeant les reines et en renforçant le volume d’abeilles de la colonie. Ces essaims démarrés sur 2 cadres, puis renforcés en cours d’été d’un cadre de couvain operculé sans abeilles dessus, nourris en permanence, atteignent 5 cadres en juillet. Ils passent très bien l’hiver. C’est la manière la plus sûre de disposer de colonies populeuses aptes à produire du miel.
Pierre Jean Prost dit qu’une reine de bonne qualité pond jusqu’à 3 000 oeufs par jour dans les meilleures conditions d’abondance de nourrices et de température. L’année suivante, sa ponte se situe entre 1 800 et 2 300 oeufs/jour. Or, notre récolte n’est rien d’autre que l’excédent de miel de la colonie produit par un excédent d’abeilles. Cet excédent n’est lui-même que le fruit d’une ponte abondante. Une reine ayant dépassé 2 ans ne peut donc fournir la population capable de nous donner une belle récolte. CQFD. L’élevage des mois à venir prépare l’année prochaine.
Sources : Agenda Apicole, Jean Riondet – Traité Rustica de L’apiculture; La santé de l’abeille.