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Les effets négatifs des néonicotinoïdes sur les abeilles, désormais elles modifient leur stratégie de production !

Une nouvelle étude menée par l’Inra et publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B le 18 novembre dernier, confirme ...

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Une nouvelle étude menée par l’Inra et publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B le 18 novembre dernier, confirme les différents essais en laboratoire concernant les effets toxiques des insecticides néonicotinoïdes.

L’étude révèle que la proximité des parcelles traitées diminue l’espérance de vie des butineuses. En réponse à cette surmortalité, les colonies modifient leur stratégie de production de couvain de façon à privilégier le renouvèlement des ouvrières.

 

Face aux insecticides…

Une expérience grandeur nature cherche à démontrer l’impact de la pratique d’enrobage des semences avec certains insecticides sur la mortalité des abeilles pollinisatrices et d’autre part de préciser ses effets sur les performances des colonies.

Les chercheurs ont ainsi équipé 7 000 abeilles de micropuces RFID permettant de surveiller leur entrée/sortie de la ruche. Les abeilles pouvaient butiner dans un territoire agricole de 200 km² comprenant quelques parcelles de colza dont les semences étaient traitées à l’insecticide de la famille des néonicotinoïdes, le thiaméthoxame.

Les résultats montrent que le risque de mortalité des abeilles augmente selon la taille des parcelles et de leur distance à la ruche. L’effet de l’exposition s’accroit progressivement au cours de l’avancement de la floraison du colza allant d’un risque moyen de mortalité de 5 à 22 %.

 

… les abeilles changent de stratégie !

Cependant, les chercheurs n’ont pas observé d’altération des performances des ruches exposées. Les quantités de miel produites n’ont pas été impactées par le gradient d’exposition aux cultures issues des semences traitées à l’insecticide. Les hypothèses avancées portent sur la mise en place au sein de la ruche de mécanismes de régulation démographique des colonies permettant de compenser la surmortalité des individus. Les colonies étudiées ont conservé des effectifs d’ouvrières et de butineuses suffisants pour maintenir la dynamique de production du miel. Ainsi, un rééquilibrage entre la taille du couvain mâle et celui des ouvrières apparaitrait pendant la floraison et dans les semaines qui suivent.

Des traces d’imidaclopride – une autre substance néonicotinoïde restreinte au traitement des semences des cultures non butinées – ont par ailleurs été détectées dans la plupart des échantillons de nectar prélevé dans des fleurs de colza, ainsi que dans le nectar collecté par les abeilles butineuses. L’étude étant initialement élaborée pour déterminer les effets de la seule molécule de thiaméthoxame, cette co-exposition complique davantage l’évaluation du risque en plein champ, car il n’a pas été possible de distinguer l’impact individuel de l’une ou l’autre molécule sur les abeilles.

En levant le voile sur la complexité des mécanismes biologiques mis en jeu, cette étude souligne la difficulté d’évaluer précisément les risques encourus par les abeilles en situation réelle d’exposition aux traitements phytosanitaires. Ces risques sont mesurables à large échelle spatiale et se traduisent sur les ruches par des effets biologiques retardés qui ne sont pas à ce jour pris en compte par les autorités sanitaires.

 

Cire d'abeille nature

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