Théorie apicole

Que se passe-t-il dans la ruche en décembre ?

Dans la ruche en décembre, il n’y a pas de bouleversement majeur. La colonie entre pleinement dans la période hivernale, où chaque ...

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Dans la ruche en décembre, il n’y a pas de bouleversement majeur.
La colonie entre pleinement dans la période hivernale, où chaque jour ressemble au précédent.
Mais sous ce calme apparent, le vivant continue de battre, discret et organisé. Comprendre ce qui se joue maintenant, c’est comprendre l’art invisible de la survie.

Frelon asiatique : un hiver sous tension

    Alors que le froid met enfin un terme à la prédation, l’heure est au bilan, et il est préoccupant. Cette année, les ruchers ont subi une pression exceptionnelle du frelon asiatique. Dans de nombreuses régions, les colonies ont été fortement affaiblies, certaines allant jusqu’à disparaître. Sous la menace constante, les abeilles ont réduit leurs sorties et le stockage des réserves s’est trouvé compromis. Résultat : des ruches légères, des colonies stressées et des abeilles d’hiver moins robustes. La reprise de printemps s’annonce donc difficile. Il est impératif de surveiller le poids des colonies et d’apporter du candi dès que nécessaire pour éviter la famine hivernale. Nous reviendrons en détail, dans quelques semaines, sur les bonnes pratiques pour accompagner la reprise au printemps.

Que se passe-t-il dans la ruche en décembre ?

Le silence n’est pas l’inaction

En décembre, rien ne semble bouger… et pourtant, la colonie reste active. Elle maintient sa température et gère l’humidité.
Regroupées en grappe, elles alternent sans cesse leur position pour limiter la fatigue et préserver la chaleur centrale, assurant une circulation thermique constante. Chacune régule sa température corporelle entre 30 et 36°C, maintenant ainsi une cohésion énergétique remarquable. La grappe conserve une moyenne stable autour de 21°C, gage d’un équilibre vital pour la colonie.

Comprendre la « routine hivernale »

De novembre à février, les colonies suivent un rythme biologique stable :

  • Aucune miellée à l’horizon,
  • Peu ou pas de couvain,
  • Consommation lente mais continue des réserves.

Cette phase de constance est essentielle.
C’est dans cette immobilité relative que la colonie répare, rééquilibre et conserve son énergie.
Un simple dérangement, une vibration trop forte, peut rompre cette économie fragile et coûter plusieurs centaines d’abeilles à la colonie. Mais cette stabilité apparente dépend étroitement des conditions météorologiques.

Quand le climat brouille les repères

Le réchauffement climatique modifie ce scénario bien rodé.
Les hivers doux maintiennent parfois une ponte partielle, surtout dans le Sud et l’Ouest.
Résultat : les réserves fondent plus vite, et les varroas trouvent encore du couvain pour se reproduire.
À l’inverse, un coup de froid brutal après une période douce peut désorganiser la grappe et provoquer des mortalités soudaines.

Les apiculteurs doivent donc lire le climat, non le calendrier, pour comprendre leurs colonies.

Ruche classique ou Ruche Basse Consommation ?

Dans une ruche traditionnelle, la chaleur s’échappe par conduction et par les joints.
Chaque variation de température extérieure sollicite fortement la grappe.
La Ruche Basse Consommation (RBC), mieux isolée, limite ces pertes.
Les abeilles peuvent y consommer jusqu’à 30 % d’énergie en moins et maintiennent un microclimat stable, même lors des variations thermiques rapides.
Cette performance fait toute la différence dans les zones exposées au vent ou à l’humidité.

Que fait l’apiculteur en décembre ?

Observer avec humilité

Décembre n’est pas un mois d’action, mais d’écoute. L’apiculteur n’ouvre jamais la ruche. Il observe les planches d’envol, évalue le poids des colonies, repère les signes d’humidité.
Un bourdonnement doux et régulier signale une colonie équilibrée.
Un silence total ou des bruits saccadés alertent sur un problème.

Cette écoute attentive forge l’expérience.
On apprend à “lire” la ruche comme un organisme vivant, pas comme une simple boîte à miel.

L’hiver met à l’épreuve les installations. L’apiculteur vérifie :

  • L’étanchéité des toits,
  • La bonne inclinaison vers l’avant (Selon l’ITSAP, l’inclinaison doit être de 2 à 3 cm pour l’écoulement des condensats)
  • Les entrées dégagées de neige ou de feuilles,
  • L’absence de condensation sous le couvre-cadres.

Selon le Guide des Bonnes Pratiques Apicoles (ITSAP), un plancher partiellement grillagé aide à réguler l’humidité tout en évitant les moisissures internes.

Anticiper le traitement Varroa

Décembre est souvent la dernière fenêtre idéale pour le traitement à l’acide oxalique.
La réussite dépend de l’absence de couvain.
Dans les ruches RBC, où la rupture de ponte intervient souvent plus tôt, l’efficacité du traitement est optimisée.
Ce geste, bien planifié, détermine la santé du rucher au printemps.

Préparer, pas nourrir

Le nourrissement n’est pas d’actualité, mais l’anticipation, oui.
L’apiculteur prépare ses candis de secours, prêts à être posés dès janvier si le poids d’une ruche devient critique.
Les ruches légères repérées lors des pesées de fin d’automne sont surveillées de près.

Le mois du recul et de la réflexion

Décembre, c’est le mois du bilan apicole.
On nettoie, on trie, on planifie.
C’est aussi le moment d’observer les tendances :

  • Adaptation au climat,
  • Évolution de la RBC,
  • Résilience des colonies selon les zones géographiques.

L’apiculteur qui observe attentivement en hiver prépare déjà la réussite du printemps

 

Déclarer ses ruches

Avant le 31 décembre, chaque apiculteur, qu’il possède une ou plusieurs ruches, doit effectuer sa déclaration annuelle. Cette obligation légale, fixée entre le 1er septembre et le 31 décembre, permet au ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire d’assurer un suivi sanitaire et statistique du cheptel apicole national. L’apiculteur doit y indiquer le nombre de colonies qu’il détient ainsi que l’emplacement précis de chaque rucher.

Les apiculteurs débutants sont également concernés : même une seule ruche installée dans un jardin doit être déclarée. En cas de modification d’emplacement ou d’arrêt d’activité, une mise à jour est nécessaire. Ne pas effectuer cette déclaration peut entraîner des difficultés d’accès aux aides apicoles et aux dispositifs sanitaires.

Les plantes mellifères en décembre

  • La fausse roquette : Petite plante abondante dans les champs cultivés et les friches de la moitié sud de la France, la fausse roquette figure parmi ces quelques espèces remarquables par leur floraison surtout hivernale. C’est aussi une plante mellifère recherchée.
  • Rose de Noël (Hellébore noire) : La Rose de Noël est une plante vivace persistante de la famille Renonculacées. Originaire de l’Europe centrale, c’est une plante attrayante pour son beau feuillage et sa floraison hivernale, qui pousse dans les recoins sombres et humides du jardin. Sa floraison s’étend de décembre à avril.

En résumé, les bonnes pratiques dans la ruche en décembre

La ruche en décembre reste un organisme vivant parfaitement organisé malgré le froid

  • En décembre, la ruche reste active et gère son énergie avec précision.
  • Les conditions climatiques dictent les besoins, mieux vaut observer que suivre le calendrier.
  • La Ruche Basse Consommation garantit un hivernage plus stable et une consommation réduite.
  • L’apiculteur privilégie l’écoute, la prévention et la préparation.
  • Jusqu’au 31 décembre, il déclare ses ruches.

Ce mois de silence apparent est une phase clé de l’équilibre et de la survie du rucher.

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