A la différence du nuage de Tchernobyl qui s’arrêtait aux frontières de la France, les abeilles n’ont que faire des limites de propriétés. Leur rayon d’action maximum est de 3 kilomètres. Elles iront donc chez la voisine qui est en droit de se plaindre si elle est piquée ou bien si elle craint que ses enfants par exemple le soient.
Pour parer aux difficultés éventuelles, il faut d’abord comprendre où et quand l’abeille pique. Puis il faut en conséquence prendre les mesures qui s’imposent et pour cela en considérer la lettre et l’esprit.
Où ?
L’abeille pique pour défendre la ruche. C’est donc à proximité de la ruche que cela se passe, d’où des règles de distances à respecter entre la ruche et les propriétés voisines. Plus spécifiquement, le « couloir de vol » est une zone sensible. En effet, sortie sur la planche d’envol, l’abeille décolle droit devant elles. Des abeilles assurent la surveillance de ce cône de décollage et peuvent éventuellement attaquer tout individu qui pénètre cette zone. D’où la recommandation qui est faite de ne pas traverser cette zone et d’accéder aux ruches par l’arrière.
Quand ?
L’abeille pique pour défendre la ruche. C’est donc quand la ruche est perturbée qu’elle devient agressive. Quand l’apiculteur est intervenu pour une visite importante sur la ruche et particulièrement lorsque la récolte s’est faite privant ainsi la colonie d’une partie de ses réserves, l’abeille devient agressive. Elle va le rester quelques temps, par exemple jusqu’au matin suivant quand la nuit passée aura fait retomber le stress. Mais d’autres causes excitent les abeilles : le vent, l’orage, les chocs inopinés sur la ruche sont de tels facteurs.
A cela on rajoutera que certaines variétés d’abeilles sont plus agressives que d’autres. La reine est à ce titre déterminante et si l’on est dans ce cas où il faut ménager des voisins, on changera la reine si la colonie est agressive en retenant une variété réputée pour son caractère moins offensif.
La lettre
Les distances à respecter vis-à-vis des voisins sont déterminées par les préfets et/ou les mairies. Elles peuvent donc varier d’un lieu à un autre. Le Code Rural dit ceci :
- ART.206.- Les préfets déterminent, après avis des conseils généraux, la distance à observer entre les ruches d’abeilles et les propriétés voisines ou la voie publique, sauf en tous cas l’action en dommage s’il y a lieu.
- ART.207.- Les maires prescrivent aux propriétaires de ruches toutes les mesures qui peuvent assurer la sécurité des personnes, des animaux, et aussi la préservation des récoltes et des fruits. A défaut de l’arrêté préfectoral prévu par l’article précédent, les maires déterminent à quelle distance des habitations, des routes, des voies publiques, les ruchers découverts doivent être établis…
A titre d’exemple, en Isère, les conditions à respecter sont les suivantes :
- 20m au moins des propriétés voisines
- 10m au moins si ces propriétés voisines sont des bois, des landes ou des friches
- 100m au moins si les propriétés voisines sont des habitations ou des établissements à caractère collectif (hôpitaux, casernes, écoles, etc.…)
- Il n’y a aucune prescription de distance pour les ruches isolées des propriétés voisines ou des chemins publics par un mur, une palissade en planches jointes, une haie vive ou sèche, sans solution de continuité. Ces clôtures doivent cependant avoir une hauteur de 2 mètres au-dessus du sol et s’étendre sur au moins 2 mètres de chaque côté de la ruche.
Cette dernière clause doit s’entendre de la façon suivante. Une haie ou palissade de 2 mètres de haut, si elle est placée face à la planche d’envol, va contraindre les abeilles à un décollage vertical qui, leur faisant prendre immédiatement de la hauteur, protège ce qui est à hauteur d’homme de l’autre côté de la palissade.
L’esprit
Il ne suffit pas de respecter une réglementation pour être dégagé de toute obligation vis-à-vis du voisinage. On peut donc recommander de procéder ainsi : informer les voisins, leur demander leur avis, leur expliquer les mesures qui seront prises pour éviter les incidents. On veillera à l’orientation de la planche d’envol pour orienter les départs dans la direction opposée si possible. On choisira une variété de reine paisible, on préviendra les voisins lors des interventions importantes, on leur apportera du miel après la récolte.
