L’essaimage fait partie du cycle de vie des abeilles et se déroule à la fin du printemps ou au début de l’été. Une vieille reine s’en va pour laisser place à une reine plus jeune et pérenniser l’espèce. En apiculture, l’essaimage est pratiqué par les apiculteurs professionnels comme les débutants, pour renouveler ou développer un cheptel. Il n’est pas rare pour les apiculteurs de perdre près de 30% de leurs colonies en une année. Face à cette hécatombe, les apiculteurs doivent multiplier les efforts pour pérenniser leur rucher. Si l’essaimage naturel est pratiqué par les abeilles depuis toujours, l’essaimage artificiel est utilisé pour développer et maîtriser ses colonies.
L’essaim d’abeille naturel :
Un essaim naturel se capture dans la nature. Il se forme lorsqu’une ancienne reine quitte sa ruche au profit d’une reine plus jeune afin de pérenniser la colonie. La reine partante est souvent contrainte au départ par son propre groupe. Elle est parfois trop âgée, moins productive ou accidentée. L’essaimage se produit également en cas de surpopulation dans la ruche.
Capturer un essaim naturel
C’est possible ! Trouver un essaim d’abeilles posé dans la nature nécessite d’avoir une bonne vue et requière un minimum d’attention. Un vol régulier d’abeilles peut vous permettre de repérer un essaim naturel. Si la plupart des essaims naturels se posent sur des arbres, il n’est pas rare d’en trouver entre des volets clos, accrochés à un monument ou même sur des voitures. S’il est situé à portée de main, l’essaim naturel peut être récupéré à l’aide d’une ruchette ou d’un contenant en carton. S’il est plus en hauteur, l’apiculteur devra se munir d’un cueille-essaim. Il faudra privilégier la fin de journée pour capturer l’essaim afin d’éviter les grosses chaleurs et minimiser l’agressivité des abeilles.
Capturer un essaim peut être dangereux. Veillez à prendre toutes les précautions de sécurité nécessaires et à bien vous équiper : tenue de protection, gants, brosse à abeilles, petite scie sont de rigueur !
Technique de la ruchette pour capturer un essaim naturel :
- Prendre une ruchette préalablement équipée de cire gaufrée et de rayons bâtis et la déposer au plus proche de l’essaim
- Couper la branche où se situe l’essaie tout en la maintenant fermement
- Secouer d’un coup sec la grappe au-dessus de la ruchette et laisser les abeilles pénétrer à l’intérieur
- Quand les abeilles sont descendues, fermer la ruchette. Les abeilles encore à l’extérieur finiront par rejoindre la ruchette. Vous pourrez ensuite déplacer votre colonie, sans oublier de la nourrir pour faciliter son démarrage.
Si vous n’avez pas de ruchette, vous pouvez également utiliser un panier en osier ou un carton pour récupérer l’essaim tombé de la branche. Transférez ensuite votre essaim dans une ruche et la laisser fermée un jour ou deux dans un endroit frais, à l’ombre, le temps que les abeilles s’habituent à leur nouvel habitat.
Utilisation d’un cueille-essaim :
C’est un outil très pratique pour cueillir un essaim situé en hauteur. Le cueille-essaim est généralement constitué d’une toile en coton ainsi que d’une armature métallique permettant de fixer la poche à une perche. Ensuite, une cordelette actionne la fermeture, permettant à la poche d’emprisonner l’essaim. Pour libérer l’essaim, il suffit de dénouer la cordelette du cueille-essaim.
Attention, avec un essaim naturel, rien n’est joué d’avance. Votre essaim peut quitter la ruche aussi vite qu’il s’y est installé, pour regagner une branche quelques mètres plus loin. Pour éviter que les abeilles ne repartent, une fois que celles-ci sont rentrées dans la ruche, fermez et emportez la ruche dans un lieu frais en attendant que la reine commence à pondre. Une fois la ponte réalisée, votre colonie n’aura plus tendance à partir. Votre essaim devra également être nourri pour stimuler sa croissance et favoriser l’essor de la colonie.
N’oubliez pas qu’un essaim naturel est souvent un essaim avec une reine âgée. Si les premières années de récoltes peuvent être belles, votre colonie aura tendance à vite s’affaiblir. Pensez alors à remplacer la reine pour pérenniser votre ruche.
Il faut savoir qu’un essaim de passage peut transporter des maladies et contaminer l’ensemble de votre rucher. Il est préférable de placer l’essaim capturé en quarantaine quelques jours et d’observer son développement. L’état sanitaire du nouvel essaim doit être scrupuleusement contrôlé.
L’essaim artificiel : pourquoi créer un essaim d’abeille ?
Confronté à des surmortalités importantes, l’apiculteur peut créer un essaim artificiel pour développer ou renouveler son cheptel. L’objectif est aussi d’anticiper le comportement naturel des abeilles avant qu’elles ne quittent elle-même le rucher. Pour cela, l’apiculteur divise la colonie pour permettre l’élevage d’une nouvelle reine. Différentes techniques existent comme le tapotement ou la division.
Accessibles à tous, ces techniques ne se pratiquent qu’à la fin du printemps ou au début de l’été, lorsque les colonies d’abeilles sont nombreuses et la production de miel généreuse.
1ère méthode : le prélèvement et la création de nucléi
- Ouvrir une ruche dont la ponte a été préalablement stimulée.
- Prélever dans la ruche mère 1 à 2 cadres de couvain, 1 cadre de pollen, 1 cadre avec des réserves de miel.
- Ranger les cadres prélevés dans la ruchette avec des abeilles en quantité suffisante (1 à 2 kg) mais SANS PRÉLEVER la reine. Vous pouvez utiliser une cage à reine pour la mettre en sûreté.
- Remplacer les cadres dans la ruche mère et la refermer.
- Fermer la ruchette orpheline et la transporter à 3 km minimum de la ruche d’origine afin que les butineuses ne retrouvent pas leur chemin.
L’essaim ainsi prélevé va créer une nouvelle reine dans les semaines à venir. Une fois que votre essaim est bien installé dans la ruchette, pensez à le transvaser dans une ruche pour qu’il continue à se développer.
2ème méthode : la division
- Choisir une ruche qui dispose de nombreux cadres de couvain ainsi qu’une réserve suffisante de miel et de pollen.
- Devant la ruche d’origine, placer 2 ruchettes vides et désinfectées.
- Prendre les cadres de la ruche mère et les répartir dans les deux ruchettes, SANS CHERCHER la reine.
- Prélever des cadres lourds de miel et de pollen (1 à 2 cadres) et des cadres de couvain (2 à 3 cadres) que vous placerez dans chaque ruchette.
Compléter avec des cadres neufs de cire gaufrée et enfumer légèrement. - Enfumer la ruche vide, la retourner et la secouer afin que les abeilles retardataires intègrent la ruchette.
- Laisser la ruchette orpheline sur place et déplacer la ruchette avec la reine à une distance de plus de 3 km de la ruche d’origine. Pour identifier la ruchette orpheline, observer le côté où les abeilles sont le plus agitées.
Dans les semaines qui suivent, la ruchette orpheline va créer une nouvelle reine.
Une fois que votre essaim s’est bien installé dans la ruchette, pensez à le transvaser dans une ruche pour qu’il continue à se développer.
3ème méthode : utilisation de la grille à reine
Pour cette méthode, vous devez utiliser des ruchettes avec plancher amovible ou un corps de ruche dans lequel vous placez les cadres de couvain.
- Équiper votre ruchette de cadres de cire gaufrée mais retirer les 3 cadres du milieu.
- Enfumer la ruche donneuse et prélever des cadres de couvain. Insérer les cadres de couvain au centre de la ruchette et compléter de chaque côté par des cadres de cire gaufrée.
- Installer la grille à reine et posez la ruchette sur celle-ci. Mettre ensuite des planches de part et d’autre de la ruchette pour protéger les abeilles de la ruche donneuse située en dessous.
- Refermer le haut de la ruchette avec le couvre-cadre et le toit.
Durant la nuit, les jeunes abeilles de la ruche donneuse monteront pour entretenir le couvain, attirées par les phéromones . Au petit matin, vous n’avez plus qu’à récupérer votre essaim ainsi créé !
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La sélection ICKO Apiculture
Sources : « Le traité Rustica de l’Apiculture », de Henri Clément – « Le petit traité de l’apiculteur débutant » de Gilles et Paul Fert – « Le petit Larousse des abeilles et de l’apiculture » de Fergus Chadwick Steve Alton, Emma Sarah Tennant, Bill Fitzmaurice, Judy Earl, « L’apiculture pour les nuls », de Henri Clément – « L’apiculture naturelle pour les débutants » de Diane Jos et Olivier Duprez